Du bonheur d’être un autre.
Reprenons. Ils seraient deux. Oui, une femme, un homme. Disons qu’eux se pensent comme ça, homme et femme. « Je suis l’homme, je suis la femme » diraient-ils, si on les sommait de s’identifier. Et où sont-ils? Mettons qu’ils sont dans une ville. Une ville quelconque? Oui, mais grande, bruyante, chaude de ses embouteillages, assommée par son bruit. De la chambre d’hôtel qu’ils occupent on aperçoit une place plutôt agréable, des arbres, un monument aux morts que plus personne ne regarde, ces morts-là font partie de l’habitude et l’habitude rend aveugle, c’est bien connu. Des précisions sur l’hôtel? Un moment, je voudrais revenir en arrière. Très drôle, on vient à peine de commencer. J’ai des questions, c’est tout. Allez, questionne, vas-y, dis-nous. L’homme, la femme se connaissent-ils? Peut-on les prendre pour un couple de longue date? Ou faut-il au contraire considérer que leur rencontre est toute récente? Pour l’instant, -je veux dire à ce stade-ci de la narration-, les deux hypothèses sont acceptables, me semble-t-il. Oui, c’est à nous de décider. On décide quoi? Et pour les précisions concernant l’hôtel… Que proposes-tu? Un palace. Le grand luxe hôtelier, du cinq étoiles plein la vue. Les palaces, c’est la survivance d’un monde, comme un chant des sirènes qui attire les Ulysse de tout poils. (…)
Publié sur le site bibliothequedesfuturs.com