Un ami me raconte une histoire vraie, il me propose d’en faire une fiction, je comprends qu’il ne s’agit pas d’ajouter du non vrai au vrai, mais de faire apparaître le vrai sous un autre visage, de trouver à son histoire une vérité de fiction qui fasse que cette histoire qui lui est arrivée devienne l’histoire possible de tous. La fiction a un pouvoir d’universalisation qui restitue les histoires singulières au patrimoine commun. Le pivot de la pièce est un personnage menteur, un inventeur permanent de lui-même, qui à force de mythomanie crée des remous chez ceux qu’il croise. La difficulté était de faire voir la mythomanie sous sa double face : dans ses pouvoirs déstabilisants une fois la supercherie découverte, mais aussi dans sa force de séduction qui aveugle et réjouit quand la tromperie n’est pas encore démasquée. A partir de ce double objectif, j’ai inventé des situations et des personnages et toute ressemblance avec des personnes existantes serait pure coïncidence, comme on dit. J’ai également pensé qu’une construction en chiasme s’imposait. D’un côté un couple, et surtout un homme, sur qui pèse la mythomanie d’un tiers maintenant qu’elle est patente, et qui s’en accommode mal (Comment cela a-t-il pu arriver ! Qu’est-ce que c’est ? Qui suis-je, moi, roulé dans la farine ?) ; de l’autre côté, ce mythomane au travail, ce tisseur de fils saisi dans sa tension vers sa prochaine dupe. Quatre personnages : Fred, Bob, Louis, Marco/Léonard, quatre jeunes hommes entre 25 et 30 ans. Tout ce petit monde se croise, par les vertus de la fiction justement ! dans une saisie simultanée que permet la scène de théâtre. Leur co-existence scénique, contre toute vraisemblance si on ramène les événements à une vie réelle, traduit sans doute physiquement leur proximité malgré leurs différences. Ce qui devrait se passer ailleurs et dans des espaces séparés (deux appartements, deux couples qui logiquement n’ont pas de contact) se trouve ici rassemblé, indistingué, façon pour moi de mettre le mensonge et la confusion au centre du propos. 

Make-up

Écriture en 2013

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