Des filles, des garçons – jeunes- se sont installés dans le vieil Hotel Nautilus, abandonné depuis longtemps. Ils vivent  au jour le jour, aspire à une vie communautaire, ils interrogent la société dont ils sont issus, qu’ils contestent maintenant parfois avec une certaine violence. La naissance d’un enfant va provoquer de nouvelles interrogations et bousculer les certitudes. Au fil de l’écriture, chaque habitant viendra témoigner de son attachement profond à l’existence. Car au-delà de la rage et de la détestation d’un système établi, il est question de trouver pour tous sa liberté, au sein du groupe et au sein du monde

Le tiret indique une réplique à attribuer au moment de la mise en scène

PIERRE -. Pour l’heure, disons que nous sommes à l’hôtel Nautilus.

-. Un squat.

-. Notre squat. 

JULES -. En fait, un vieil hôtel désaffecté, naguère tenu par un amoureux de Jules Verne, un bel hôtel à l’ancienne vraiment, nommé comme le sous-marin du capitaine Nemo, avec un grand parc autour, et des arbres et même un étang. Tout bien, quoi !

SOUAD -. Et on s’est dit : ça, l’hôtel Nautilus, c’est pour nous ! 

VIKTOR -. Frankie, tu m’aides à prendre la table ? 

Le groupe se défait. Tous contribuent à matérialiser un hall de vieil hôtel (miroir, canapé, fauteuils, chaises). Il y a aussi un frigo qu’on apporte. Il contient ce qu’on voudra, mais surtout des canettes de bière. (Les personnages en useront selon leur fantaisie ou celle des acteurs qui les jouent). Des DVD traînent, des CD, aussi bien Léonard Cohen que Verdi. Des livres. Des revues diverses. Au final, ça forme un grand espace informel, fait d’objets récupérés, assez hétéroclite, avec des points de fuite qui permettent à un ou à plusieurs personnages de quitter le plateau et d’y revenir à leur guise, dans un va-et-vient sans rapport direct avec le texte. 

Tout le mouvement d’aménagement doit être tonique, joyeux, pas silencieux, pas cérémonieux, mais très réglé.

NICO -. Voilà. L’hôtel et son hall d’entrée transformé en un espace de vie. Les travaux de base, c’est du collectif, le potager à l’arrière, c’est du collectif, et l’aménagement, vous venez de le voir, c’est … encore du collectif! 

MARIE -. En place, s’il vous plaît.

Le groupe se remet en place dans ce lieu et sur un mur-écran, on voit apparaître son image filmée.

Marie parle au micro

MARIE -.  Nous sommes ici dans un squat. Derrière moi, le groupe Nautilus. Ce qui réunit ce groupe, c’est une commune détestation de la société où ils vivent. Ce sont des militants d’un monde alternatif. Qui sont ces militants ? Que veulent-il ? Nous avons posé la question à certains d’entre eux.

Désormais, le déroulement théâtral sera entrecoupé de séquences vidéo où certains membres du groupe parlent de leur militance. Concrètement, les séquences se feront en direct. Marie, micro en main, pose les questions. Celui (ou celle) qui est interrogé est à assis où la mise en scène le décidera.