Pourquoi, alors qu’on est en plein carnaval, le ministre Michel Montluc se précipite-t-il dans la boutique de farces et attrapes de Madame Puck? Pas pour les raisons qu’on pourrait imaginer. Il est en piteux état, le ministre. Il faut dire qu’il a disparu depuis trois jours et que tout le monde le cherche.  

Sur scène, le tableau de James Ensor « Les masques singuliers » reproduit en grand. La reproduction ne remplit pas le fond de scène, on peut passer derrière elle par l’un ou l’autre côté.

Peut-être un tapis sur le sol, deux chaises. Ou pas. Ou autre chose.

Face au tableau, Prosper, assis dans un fauteuil roulant. Un haut dossier le dissimule à la vue du public.

Madame Puck, entre par un côté du tableau. Vive, alerte, elle porte un costume, une coiffure et un maquillage qui renvoient clairement au personnage en vert dans le tableau.

MADAME PUCK -. Prosper? Prosper, Prosper? Mon Prosper ? Comment ça va, ce matin? Une belle journée commence, n’est-ce pas? Carnaval quand tu nous tiens! Une fois encore, on sera ce qu’on n’est pas, déguisés, masqués, méconnaissables, et reconnus pourtant. Tout marchera cul par dessus tête aujourd’hui. Moi, j’ai choisi mon costume. (Elle se fait admirer) Comment me trouves-tu? Parle franchement. 

Sans voix, évidemment! 

Je m’en doutais ! 

Montluc est apparu par l’autre côté du tableau. Costume froissé sous un manteau sali. La chemise est défraichie, la cravate pend lamentablement.

MONTLUC -. Aidez-moi !